Gustave Mathieu Joseph Fraipont (1849–1923) est un peintre, illustrateur, affichiste et sculpteur franco-belge, nommé Peintre Officiel de la Marine en 1905. Son œuvre, foisonnante et éclectique, mêle paysages marins, affiches de voyage, illustrations littéraires et ouvrages pédagogiques sur le dessin. Bien que son nom soit moins connu que celui de ses contemporains, Fraipont a marqué l’imaginaire visuel de la Belle Époque.
🇧🇪 De Bruxelles à Paris : un parcours franco-belge
Né à Saint-Josse-ten-Noode, près de Bruxelles, le 9 mai 1849, Fraipont est formé par Henri Hendrickx et Henri de Hern. Il s’installe en France après la guerre de 1870, durant laquelle il s’engage dans l’armée française. Il sera naturalisé peu après, et deviendra professeur de dessin à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur.
🎨 Un artiste aux multiples facettes
Fraipont est un aquarelliste virtuose, un graveur précis, et surtout un illustrateur prolifique. Il collabore avec de nombreux éditeurs et revues, illustrant des classiques comme :
• Les Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet
• Les Contes de Perrault
• Robinson Crusoé
• Câline de Zénaïde FleuriotIl publie aussi des livres pour enfants, comme Yves le marin, et des ouvrages techniques sur le dessin et l’aquarelle, tels que L’art de peindre à l’aquarelle (1893) et Le crayon et ses fantaisies (1896).
🚂 L’affichiste du voyage
Fraipont est célèbre pour ses affiches de compagnies ferroviaires, notamment celles des Chemins de fer de l’Ouest et du Nord. Ses compositions invitent au voyage, souvent vers des stations balnéaires, et sont reproduites dans la revue Les Maîtres de l’Affiche entre 1895 et 1900.
⚓ Peintre officiel de la Marine
En 1905, Fraipont est nommé Peintre Officiel de la Marine, un titre qui reconnaît son talent à représenter l’univers maritime. Bien que son œuvre marine soit moins abondante que celle d’autres peintres officiels, il réalise plusieurs vues de ports et de littoraux, notamment pour la série Le Littoral de la France publiée en 1885.
Pendant la Première Guerre mondiale, il contribue au journal L’Illustration avec des compositions poignantes sur les monuments détruits, comme les halles de Ypres ou la cathédrale de Reims.
🕊️ Fin de vie et postérité
Gustave Fraipont meurt à Paris le 29 avril 1923, à l’âge de 73 ans, des suites d’une longue maladie. Il repose au cimetière du Père-Lachaise, aux côtés de son épouse Jeanne Charleux et de son fils Georges Fraipont, également artiste.✨ Héritage d’un maître discret
Fraipont incarne une époque où l’art servait autant à éduquer, illustrer qu’à faire rêver. Son œuvre maritime, bien que discrète, s’inscrit dans une vision poétique du littoral français, entre tradition académique et modernité graphique.
Gustave FRAIPONT est peintre officiel de la marine (du fait de ses affiches)
🌊 Luc-Marie Bayle (1914–2000) : Le marin-artiste aux mille talents
Luc-Marie Bayle, né le 30 janvier 1914 à Malo-les-Bains et mort le 11 octobre 2000 à Houlbec-Cocherel, fut à la fois officier de marine, peintre officiel de la Marine, dessinateur, aquarelliste, tapisserier, illustrateur, et directeur du Musée national de la Marine. Son œuvre, foisonnante et profondément liée à la mer, témoigne d’un regard à la fois technique, poétique et souvent teinté d’ironie.
⚓ Une vocation née dans les embruns
Issu d’une famille de marins, petit-fils d’un amiral ayant commandé l’escadre d’Extrême-Orient, Luc-Marie Bayle est destiné très tôt à la mer. Il entre à l’École navale en 1932, où ses talents en dessin sont déjà remarqués. Il embarque sur plusieurs navires :
• La canonnière Balny en Chine (1935)
• L’aviso Tamurg en Afrique
• Le cuirassé Jean-Bart, qu’il aide à faire sortir des chantiers de Saint-Nazaire en juin 1940, juste avant l’arrivée des troupes allemandes
À bord, il ne cesse de dessiner, peindre, et documenter la vie maritime. Il réalise notamment une aquarelle de la sortie du Jean-Bart, aujourd’hui conservée au Musée national de la Marine.
🎨 Peintre officiel de la Marine
Nommé Peintre Officiel de la Marine en 1944, Bayle accomplit deux missions en Terre Adélie à bord du navire polaire Commandant Charcot (1949 et 1950), où il est à la fois photographe, historiographe, et peintre. Ces expéditions polaires nourrissent une partie importante de son œuvre, entre aquarelles glacées, croquis techniques, et scènes de vie extrême.
Son style est reconnaissable :
• Des dessins précis, souvent accompagnés de légendes manuscrites
• Une touche d’humour, parfois satirique
• Une palette subtile, entre gris marins, bleus profonds et ocres terreux
Il illustre de nombreux ouvrages maritimes et historiques, et réalise aussi des tapisseries monumentales, notamment pour la Marine nationale.
🖼️ Directeur du Musée national de la Marine
De 1972 à 1980, Bayle est nommé directeur du Musée national de la Marine à Paris. Il modernise les collections, organise des expositions ambitieuses, et œuvre à la valorisation du patrimoine naval français. Il est également membre de l’Académie de marine à partir de 1975.
🧵 Un artiste aux multiples facettesLuc-Marie Bayle ne se limite pas à la peinture :
• Il crée des tapisseries aux motifs marins et historiques
• Il dirige une société publicitaire avec le peintre Hervé Baille
• Il pratique la caricature, dès l’enfance, avec un goût pour les scènes d’abordage et les silhouettes expressives
Son œuvre est à la fois documentaire, artistique, et narrative, mêlant rigueur militaire et fantaisie créative.
🏅 Distinctions
Luc-Marie Bayle est :
• Officier de la Légion d’honneur
• Officier de l’ordre du Mérite maritime
• Officier des Palmes académiques
Luc-Marie Bayle est un marin-artiste total, dont la vie fut un voyage entre les océans et les arts. Son regard sur la mer, à la fois technique et poétique, continue d’inspirer les amateurs de marine et les passionnés d’histoire navale. Il a su faire de chaque escale une œuvre, de chaque mission une mémoire, et de chaque vague un trait de pinceau.
🌊 Jean-Gabriel Daragnès : Graveur des Mers et Illustrateur du Verbe
Né à Bordeaux le 2 avril 1886, Jean-Gabriel Daragnès est un artiste complet : peintre, graveur, typographe, éditeur et illustrateur. S’il est surtout reconnu pour ses livres illustrés, il fut également Peintre Officiel de la Marine de 1933 à 1942, un titre qui souligne son lien profond avec les paysages maritimes et les voyages lointains.
🖋️ Un maître de l’estampe et du livre illustré
Daragnès est avant tout un virtuose de la gravure : burin sur acier, cuivre, bois… Il illustre plus d’une centaine d’ouvrages, parmi lesquels des textes de Verlaine, Baudelaire, Oscar Wilde (La Ballade de la geôle de Reading, 1917), Jean Giraudoux (Suzanne et le Pacifique) ou encore La Chanson de Roland (1932). Son style, à la fois élégant et expressif, fait de lui l’un des grands noms de l’illustration française du XXe siècle.
🖌️ Peintre de marine par passion du voyage
Nommé Peintre Officiel de la Marine en 1933, Daragnès réalise des gouaches maritimes lors de ses voyages, notamment en Indochine et au Cambodge, où il visite les temples d’Angkor. Son père étant charpentier de marine, on peut voir dans cette nomination une forme de retour aux origines. Ses œuvres marines, souvent réalisées en gouache, traduisent une sensibilité à la lumière, aux atmosphères portuaires et aux paysages tropicaux.🏛️ Un atelier au cœur de Montmartre
En 1925, Daragnès installe son atelier avenue Junot, face au Lapin Agile. Ce lieu devient un véritable carrefour artistique, fréquenté par des écrivains comme Pierre Mac Orlan, Supervielle, Giraudoux, Léon-Paul Fargue, et des illustrateurs comme Gus Bofa, Dignimont, Chas Laborde, Dunoyer de Ségonzac… Même Louis-Ferdinand Céline, ami personnel de Daragnès, y fait des apparitions.
📚 Une empreinte durable dans l’art du livre
Directeur artistique des éditions Émile-Paul Frères, Daragnès contribue à certaines des plus belles réussites de l’édition illustrée française. Il collabore aussi avec La Banderole et La Sirène, et imprime lui-même plusieurs ouvrages sur ses propres presses. Sa devise, inscrite au colophon de ses livres — Insita cruce, cor floret — est empruntée à la légende de Tristan et Iseult : "Dans la croix plantée, le cœur fleurit".
🕊️ Une mémoire gravée dans l’estampe
Jean-Gabriel Daragnès s’éteint à Neuilly-sur-Seine le 25 juillet 1950, à l’âge de 64 ans. Son œuvre, à la croisée de la mer et du verbe, continue d’être célébrée dans les musées et les bibliothèques, notamment au Musée-Bibliothèque de Toulon, qui lui rend hommage en 1957 lors de l’exposition Les chefs-d’œuvre des illustrateurs contemporains.
