mercredi, septembre 29, 2021

ADAM Marie-Edouard.

  ADAM  Marie-Edouard. portraitiste de navires  

le Saint-Simon



et peintre officiel de la marine





ADAM Edouard. (1847-1929). « Scène de bataille navale ». Huile sur toile signée, datée 1903 .42 L.60. 

2500euros




Il a été détaillé par les plus grands peintres de la Marine de son temps et glorifié par les amoureux de navigation. Velox reste encore aujourd’hui dans les mémoires. Les spécialistes de yachting Jacques Taglang et François Chevalier lui ont même consacré un ouvrage en 1994, dans lequel ils vantent ce «fabuleux exemple de création et de conception navale», résumant la fascination qu’il exerce encore par ces trois mots : «Excellence, pertinence, innovation». Sur ce tableau signé Édouard Adam, la célèbre goélette se présente de profil, à gauche de la composition, arborant le guidon triangulaire bleu, blanc et rouge du Yacht Club de France. Vers le spectateur, de face, file une autre embarcation à voile triangulaire, la Fiona. Nous sommes au moment du départ de la régate, sous l’œil des organisateurs et spectateurs postés dans le bateau à roue à aubes agrémenté de multiples fanions colorés. Adam est peintre de la Marine depuis un an lorsqu’il réalise ce tableau, ainsi qu’un autre, aujourd’hui conservé au musée de la Marine de Paris. Le nôtre, jamais passé en vente, de dimensions exceptionnelles chez l’artiste, peut se targuer d’une histoire très spéciale. Son commanditaire ? Henri Augustin Sieber (1843-1913). Cet industriel français a acquis la goélette cette même année 1886. Provenant directement de sa descendance, la peinture est restée jusqu’à ce jour dans sa villa néogothique de Dinard, baptisée elle aussi «Velox» en l’honneur de son yacht. C’est là que l’œuvre a survécu aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale… Si l’artiste décrit avec subtilité et réalisme un départ de course à laquelle participe Velox, il s’agit en fait d’une pure fiction. En effet, la goélette, pourtant prévue initialement pour réaliser des performances inédites, n’a jamais participé à une régate. Elle n’effectuera finalement que des croisières privées avec ses propriétaires successifs. De 42,24 mètres de long, dotée d’un mât de 45 mètres de hauteur, elle a néanmoins révolutionné l’univers de la navigation dès sa construction, en 1875 au chantier naval du Havre, d’après les plans de Jacques-Augustin Normand. Son mécène, le noble polonais Benoît Tyszkiewicz, la baptisa Zemajteij, du nom de sa ville natale. Las, à la suite d’un incident, la goélette échoue et se voit délaissée. C’est le baron Eugène Roissart de Bellet qui l’acquiert le 8 septembre 1879, avant qu’il décide de se dédier à la navigation à la vapeur et de la vendre à Sieber sept ans plus tard. Mais auparavant, le baron l’avait renommée Velox, «rapide» en latin. Un terme bien choisi, puisqu’elle réalise des pointes à 16 nœuds, soit presque 30 km/h. Du jamais vu pour un bateau de cette taille ! Son intérieur est bien sûr d’un luxe rare et sa carène au dessin révolutionnaire fera école. Cette construction inaugure de plus l’utilisation de la méthode à triple bordage de sa coque, offrant tout à la fois légèreté et rigidité. Patron du chantier naval du Havre, Normand complète l’ensemble en plaçant sous la quille un plomb, lestant ainsi son poids déjà substantiel de trente tonnes. Sachez enfin que Velox n’a jamais été motorisé. Seuls ses quelque 1 480 m2 de voile le propulsèrent durant toute son existence, qui s’acheva tristement en 1914, lorsque son démantèlement fut acté, faute d’acheteur à la suite du décès d’Henri Augustin Sieber. L’œuvre d’Édouard Adam n’en est que plus désirable.


Adam EDOUARD Fils. Bateau à vapeur mixte "Le Ville de Sfax". Huile sur toile signée et datée 1900 en bas à droite. 31 x 54 cm

Édouard Adam s’installe au Havre en 1873. Un choix tout naturel pour ce peintre de la Marine – qui le deviendra officiellement en 1885 – tant ce port est devenu à cette époque incontournable pour les navires français, mais aussi internationaux. Portée par la naissance de la navigation à vapeur tout comme par l’ouverture des lignes transatlantiques, la ville normande connaît une incroyable expansion. C’est également le siège de l’armateur de cap-horniers Bordes. Élève du peintre de la Marine Durand-Brager, Adam a bien compris le potentiel des lieux. Il sait qu’il y trouvera des propriétaires, des capitaines et des pilotes de port prêts à débourser de l’argent afin d’avoir un beau «portrait» de leur navire. Dans cette grande toile, il semble que les deux embarcations à vapeur représentées, de profil comme souvent chez l’artiste, soient sous pavillon australien. Les falaises sont reconnaissables en arrière-plan, ainsi que le phare du port et la jetée, devant d’anciens bâtiments de la capitainerie aujourd’hui disparus. Édouard Adam se concentre ici sur les bateaux, des plus réalistes, mais aussi sur cette mer agitée et d’un vert glacial qui offre à la composition une certaine intemporalité. Le peintre est en cette fin du XIXe siècle un artiste important, mais aussi un témoin privilégié d’une histoire de la navigation en plein bouleversement.






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