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🌅 Félix Noiré (1861–1927) : Le peintre des horizons en feu
Maxime Félix Noiré, né à Guinglange (Moselle) le 9 novembre 1861 et mort à Alger le 4 juillet 1927, est un peintre orientaliste et de marine français. Autodidacte, il s’installe en Algérie vers 1882 pour des raisons de santé, et y développe une œuvre profondément marquée par la lumière du Sud, les paysages sahariens et les ports méditerranéens.
🖌️ Une vocation née sous le soleil d’Algérie
Noiré découvre l’Algérie à une époque où l’orientalisme fascine les artistes européens. Il installe ses ateliers successivement à :
• Frais-Vallon, près de Bab El-Oued
• Le jardin d’Essai à Alger
• Enfin à Bou Saâda, oasis mythique qu’il contribue à faire connaître, aux côtés d’Étienne Dinet
Il peint :
• Des vues maritimes : la baie d’Alger, les quais, les navires
• Des paysages sahariens : dunes, oueds, montagnes de sel
• Des scènes de vie locale : marchés, cavaliers, femmes sur les terrasses
Son style est lumineux, presque flamboyant, avec une palette chaude et vibrante. Isabelle Eberhardt lui dédie les Pleurs d’amandiers, le surnommant « le peintre des horizons en feu et des amandiers en pleurs ».
⚓ Peintre officiel de la Marine et des Colonies
En 1905, Félix Noiré est nommé Peintre officiel de la Marine et des Colonies, reconnaissance de son talent à représenter les ports, les navires et les paysages maritimes d’Afrique du Nord. Ce titre lui permet de :
• Accéder aux infrastructures navales
• Participer à des missions artistiques
• Exposer dans les salons officiels
Il est également cofondateur de la Société des artistes algériens et orientalistes, et participe à la création du Prix Abd-el-Tif et de la Villa Abd-el-Tif, équivalent algérien de la Villa Médicis.
🖼️ Œuvres et expositions
Parmi ses œuvres maritimes et coloniales :
• Vue sur la baie d’Alger depuis la Bouzaréa
• Alger vu du boulevard Bru
• Projet d’affiche pour la Compagnie générale transatlantique • La montagne de sel (huile sur toile)
Il expose au Salon des artistes français, à Tunis, à Alger, et à l’Exposition universelle de 1900 à Paris.
Ses œuvres sont conservées dans :
• Le Musée national des beaux-arts d’Alger
• Le Palais de la Porte Dorée à Paris
• Le Musée Bonnat-Helleu à Bayonne
• Le Musée Cirta à Constantine
🕊️ Héritage
Félix Noiré meurt à Alger en 1927, laissant derrière lui une œuvre solaire, profondément liée à l’Algérie coloniale et à la mer Méditerranée. Il est aussi le beau-père du peintre Paul Jouve, autre figure majeure de l’art orientaliste.
Félix Noiré est un voyageur immobile, un peintre enraciné dans la lumière, dont les marines et les paysages sahariens continuent de fasciner les amateurs d’art orientaliste.
🎨 Guy Arnoux : Le marin des couleurs et des mots
Guy Paul André Arnoux (1886–1951) est un artiste français inclassable : illustrateur, affichiste, décorateur, et peintre officiel de la Marine. Son œuvre, reconnaissable entre toutes par ses contours noirs et ses aplats de couleurs vives, est un hommage vibrant à la France, à ses traditions, et à ses marins.
⚓ Un destin entre art et mer
Né à Paris dans une famille de militaires, Guy Arnoux ne se destine pas à la mer. Pourtant, après avoir combattu dans l’artillerie pendant la Première Guerre mondiale — où il est blessé — il demande à intégrer la Marine. En 1921, il est nommé Peintre Officiel de la Marine et embarque à bord du célèbre Pourquoi Pas ? du commandant Charcot.
Il participe à des missions à Rochefort, La Rochelle, Cherbourg, et embarque sur plusieurs navires emblématiques : Le Cassard, Le Terrible, Le Richelieu, et Le Georges Leygues. Il décore également le cercle naval de Toulon et plusieurs paquebots.
🖌️ Un style unique et reconnaissable
Guy Arnoux développe un style graphique très personnel : des figures stylisées, cerclées de noir, souvent réalisées au pochoir, et rehaussées de couleurs franches. Ce style se retrouve dans ses affiches, menus, programmes, costumes, et même dans ses décors de théâtre et de paquebots.Il illustre près de quatre-vingts ouvrages, dont plusieurs grands formats chez Devambez, comme Quelques drapeaux français (1917), Tambours et trompettes (1918), ou Chansons du marin français au temps de la marine en bois.
📚 L’imagier patriote
Durant la Grande Guerre, Arnoux produit une œuvre patriotique foisonnante : estampes, albums, papiers à lettres, et images de propagande. Il célèbre les soldats, les marins, et le quotidien des Français. Son trait vif et expressif incarne une France courageuse et élégante.
Il collabore aussi à la revue La Gazette du Bon Ton, illustrant la mode avec humour et finesse. Ses dessins mettent en scène des femmes en tenues de campagne ou des élégantes parisiennes, toujours avec ce chic si particulier.
🌍 Un artiste mondain et voyageur
Dans les années folles, Guy Arnoux est partout : soirées mondaines, théâtre, sports équestres, Montparnasse. Il voyage aux États-Unis, où son style séduit les milieux chics new-yorkais. Il reçoit de nombreuses commandes pour des décors, costumes, publicités et illustrations.
🕊️ Héritage d’un imagier marin Guy Arnoux meurt en 1951 à Ardon, dans le Loiret. Son œuvre, à la croisée de l’art décoratif et de l’illustration, reste un témoignage précieux d’une époque où l’élégance graphique servait la mémoire nationale. Peintre de marine, mais aussi poète du trait, il a su faire voguer l’imaginaire français sur toutes les mers du monde.
🌊 Henri Maurice Cahours (1889–1974) : Le souffle breton d’un montmartrois de la mer
Henri Maurice Cahours, né à Paris en 1889 et décédé à Cagnes-sur-Mer en 1974, est un peintre officiel de la Marine nommé en 1942. Artiste discret mais prolifique, il a su conjuguer l’effervescence artistique de Montmartre avec la sérénité des côtes bretonnes, qu’il a peintes avec une sensibilité rare.
🎨 Une formation entre Amiens et Montmartre
Cahours étudie aux Beaux-Arts d’Amiens tout en poursuivant ses études secondaires, avant de s’installer à Montmartre en 1911, où il intègre le microcosme artistique de la Butte. Il fréquente la Maison de Mimi Pinson, puis le studio de Pissarro rue Berthe, et devient un acteur actif de la vie artistique montmartroise.
Il est proche de Marcel Aymé, qui lui rendra hommage dans un texte saluant la poésie de ses œuvres. Dans les années 1920, il est nommé directeur des Beaux-Arts de la Commune Libre du Vieux-Montmartre, et participe à la création de la cité “Montmartre aux Artistes”.
⚓ Peintre de marine : Douarnenez, Pouldavid et les Petites Dalles
Henri Maurice Cahours découvre les rivages bretons dès les années 1910, notamment Douarnenez, Pouldavid, et plus tard les Petites Dalles en Normandie, où il acquiert une maison vers 1955. Il y peint :
• Des voiliers dans les ports
• Des scènes de pêche
• Des cérémonies maritimes comme la bénédiction de la mer
• Des paysages marins aux ciels changeants
Son style, influencé par Marquet et les post-impressionnistes, se caractérise par :
• Une palette douce, dominée par les gris, bleus et ocres
• Une composition structurée, souvent horizontale
• Une atmosphère contemplative, presque silencieuse
🖼️ Reconnaissance et expositions
Cahours expose régulièrement :
• Au Salon des Artistes Français dès 1920 (médaille en 1937)
• Au Salon des Indépendants de 1922 à 1942
• À la Société Nationale des Beaux-Arts à partir de 1939
Il est mis à l’honneur par :• La Galerie Terrisse (1923)
• La Galerie Georges Petit (1930–1931)
• Le Musée de l’Emperi à Salon-de-Provence (rétrospective en 1976)
• Le Musée de Montmartre (exposition personnelle en 1987)
🕊️ Vie personnelle et fin de parcours
Marié en 1916 à Hélène Debon, fille du sculpteur Frédéric Debon, il s’installe rue Berthe dans le studio de Pissarro. Après le décès de sa femme en 1942, il cesse d’exposer pendant plusieurs années. En 1965, il se remarie avec Albertine Perrier, dite Catherine, et s’installe à Vence, où il transforme une ancienne prison en atelier.Il y poursuit son œuvre, toujours fidèle à ses marines bretonnes, dans une tonalité apaisée.
Henri Maurice Cahours est un poète du rivage, un montmartrois de la mer, dont les toiles racontent la Bretagne avec pudeur et lumière.